|
"California Dreamin"… vous l’avez sans doute en tête, c’est le titre d’une lancinante chanson des Mamas & The Papas… un tube quin’a pas pris une ride (regardez cela sur You tube). C’est aussi maintenant le titre d’un film porno gay réalisé par Tony Dimarco. Pour ce film, le réalisateur a voulu nous replonger dans le registre des productions classiques et rétro du studio Falcon et tout spécialement celles dévolues aux piscines. Le film est classique dans sa construction, très soigné dans sa réalisation et il s’appuie sur un excellent casting (comme toujours chez Falcon qui sait trouver des perles rares). Mais ce n’est cela qui fait aujourd’hui plus particulièrement parler du film. Non, c’est le choix technique qui a été fait par Tony DiMarco de tourner en 2013 cette production comme si elle l’avait été avant l’arrivée du VIH. Autrement dit, montrer un film où on ne voit pas de préservatifs dans les rapports sexuels... Evidemment, cela n’est pas neuf et certains réalisateurs qui s’affirmaient avocats du port du préservatif sur les tournages s’en affranchissent désormais. On peut citer un des exemples les plus récents celui de Michael Lucas qui vient de réaliser son premier film bareback et auquel on reproche d’avoir ainsi rendu public le statut sérologique de certains de ses acteurs, ce dont il se défend. Mais l’affaire a fait l’objet de plusieurs articles aux Etats-Unis. Très différent est le film Tony DiMarco et son attitude. Lui a choisi de faire tourner ses acteurs avec préservatifs (comme c’est le cas dans l’ensemble de ses films), mais au montage du film les préservatifs ont été effacés afin de ne plus être visible des spectateurs. Autrement dit, les acteurs n’ont pas pis de risque, et ce qu’on voit c’est un film actuel qui nous ramène à, la sexualité d’avant le sida. Ce choix fait parler pour deux raisons principales. D’une part parce que Falcon fait historiquement partie des studios qui ont toujours défendu et prône le port des capotes sur les tournages et d’autre part parce que ce choix contribuerait à banaliser les plans culs sans capotes. Ce n’est un mystère pour personne, mais les pornos où les acteurs baisent sans capote se vendent mieux que les autres… Raison pour laquelle des studios en ont fait leur fond de commerce et pour laquelle des studios classiques s’y mettent, eux-aussi. Dans des interviews, Tony DiMarco explique que ce choix est lié à l’esprit qu’il a voulu développé dans ce film. "Avec ce film, je voulais réellement capter l’essence de cette période [le film se situe dans la période d’avant le VIH], lorsque la vie semblait plus libre et plus spontanée. En travaillant de cette sorte, je prouve que les préservatifs sont utiles [puisque les acteurs en ont porté]. Mais je voulais donner une impression de film pré-condom, alors que nous avons utilisé des capotes dans toutes les scènes du film." Le réalisateur et le studio se défendent de prôner le bareback… Reste le débat sur l’exemplarité des films : ce qui est montré influence-t-il ou pas nos comportements sexuels ? Voir des films où les acteurs ne portent vraiment pas de préservatifs, voir des films où l’on nous fait croire qu’ils n’en portent pas… a-t-il des répercussions sur notre rapport à la prévention ? Ce débat-là est de nouveau ouvert par Falcon studio. A part cela, le film (en deux parties) sait montrer la fantaisie de l’époque, la liberté des anciennes productions de Falcon…C’est carrément un exercice de nostalgie, ensoleillé… un vrai porno de piscine qui, sans cette première technique, ne ferait pas autant parler de lui. On notera la scène avec Liam Magnuson, la dernière qu’il ait tournée avant de mettre fin à sa carrière d’acteur. Dans le porno, c’est comme pour les sportifs, on arrête généralement tôt. |
TAGS
